Le cofondateur de Huma Finance, Erbil Karaman, prévoit que la prochaine phase de DeFi expansion sera portée par une hausse spectaculaire de l’émission de stablecoins, une tokenisation rapide des actifs du monde réel, et un basculement vers des stratégies de rendement automatisées, soutenues par l’IA, tout en avertissant que les principaux risques structurels des marchés de prêt restent largement sous-estimés.
Karaman estime que la DeFi souffre encore de trois grandes catégories de risques, en commençant par les liquidations.
« C’est le plus grand risque dans la DeFi », a-t-il déclaré à Yellow.com dans une interview, en soulignant à quel point les utilisateurs sous-estiment souvent la rapidité avec laquelle des positions à effet de levier peuvent se défaire lors de chocs de volatilité ou de liquidité. Des événements comme « 1010 ou USDX » ont montré à quelle vitesse la liquidité peut disparaître, déclenchant des cascades de liquidations « instantanément ».
Il a également mis en avant le danger persistant du carry négatif. Les taux d’emprunt et de dépôt peuvent s’inverser sans avertissement, a-t-il expliqué, et « vous pouvez payer beaucoup d’argent à la plateforme de prêt DeFi mais, lorsque vous récupérez votre argent, vous pouvez être en dessous de votre principal ».
Karaman estime que ces problèmes seront encore plus éprouvés à mesure que la DeFi absorbera de nouveaux capitaux institutionnels et des actifs tokenisés.
Si la sur‑collatéralisation fonctionne bien pour les actifs numériques volatils, elle se délite pour le collatéral du monde réel. « Pour les actifs du monde réel, il est très difficile d’atteindre une sur‑collatéralisation », a-t-il affirmé, en soutenant que les systèmes adossés à des actifs ont besoin « d’autres mécanismes de stabilité en plus de la sur‑collatéralisation ».
Huma développe des approches alternatives, notamment l’acheminement vers les marchés primaires et l’utilisation de protections de type réserve. Il a décrit le nouveau modèle de réserve de Huma comme « un système de type assurance qui protège contre la pression à la baisse sur ces actifs ».
Les stablecoins devraient être multipliés par 10
Malgré l’incertitude réglementaire, Karaman anticipe une forte hausse de l’offre. « L’année prochaine, ma prévision est une croissance de l’émission de stablecoins multipliée par 10 », a-t-il déclaré, en citant les lois récentes et les délais nécessaires pour que les grandes institutions activent les nouveaux cadres d’émission approuvés.
Cette croissance, a-t-il ajouté, se répercutera sur les secteurs connexes : « Les solutions construites au‑dessus de celles‑ci vont connaître un type de croissance similaire, y compris le prêt en stablecoins. »
Il a également souligné l’intérêt institutionnel croissant.
Huma a récemment franchi le cap des « 100 000 déposants », et il a indiqué que l’un des plus grands prêteurs fintech annoncera bientôt un produit de prêt basé sur les stablecoins, construit sur la plateforme de Huma.
RWAs, infrastructure cross‑chain et fin des coffres manuels
Karaman s’attend à ce que les tokenized U.S. Treasuries, le crédit et d’autres actifs générateurs de flux de trésorerie se développent de manière significative en 2025–26. Les RWAs, a-t-il indiqué, bénéficieront des « mécanismes de bouclage » uniques de la DeFi, qui peuvent améliorer les rendements sans ajouter de risque excessif.
Il anticipe également des améliorations majeures de la résilience cross‑chain. Les bridges étaient « l’un des plus grands vecteurs d’attaque », mais la transition vers des architectures comme LayerZero représente « une excellente nouvelle », à mesure que l’émission multi‑chaîne devient la norme et que la sécurité s’améliore « avec le temps, et non via les audits ».
L’infrastructure de rendement entre elle aussi dans une nouvelle ère, selon lui.
Les coffres traditionnels sont gérés manuellement, et donc fragiles. « Les humains impliqués… peuvent faire des erreurs », a-t-il observé. Avec une nouvelle infrastructure de coffres liée à des agents et bots automatisés, « nous allons assister à un grand basculement vers des coffres automatisés ».
Les institutions veulent de la clarté, pas de la centralisation
Karaman maintient que l’adoption institutionnelle ne nécessite pas de sacrifier la décentralisation.
Ce que veulent les institutions, a-t-il indiqué, c’est une logique de liquidation transparente, une analyse prévisible du risque de perte et des contrôles éprouvés.
Il a cité le bilan d’Aave et expliqué que des sociétés comme Chaos Labs ont « souscrit près de mille milliards de dollars de prêts DeFi sans aucune créance douteuse ».
Il a également réfuté l’idée selon laquelle la transparence on‑chain devrait être accrue. « Je suis un très grand défenseur de la vie privée », a-t-il affirmé. « Je crois fermement que nous devrions avoir plus de confidentialité plutôt que plus de transparence. »
Les Zero-knowledge systems, a-t-il soutenu, permettent désormais une confidentialité totale des transactions tout en offrant la possibilité de prouver les fautes aux régulateurs. Pour les stablecoins, les RWAs et les stratégies de rendement automatisées, Karaman s’attend à de la croissance « dans chacun de ces segments ».
Ce qui importe le plus, a-t-il conclu, ce n’est pas de prédire les cycles macroéconomiques, mais de corriger le système sous‑jacent. « La DeFi doit se ressaisir et s’assurer qu’elle construit systématiquement une meilleure microstructure. »

